Ste. Claudine Thévenet, source d’inspiration pour notre projet éducatif…
Quand, après la Révolution Française, Ste. Claudine Thévenet accepte de s’occuper des orphelines, elle ne commence pas d’abord par faire le tri.
Ces fillettes sont sales, sans éducation et sans instruction. Elle les lave, les éduque et leur donne une solide formation pour en faire des soyeuses honnêtes et prêtes à affronter la nouvelle vie qui s’offre à elles.
Cette démarche, relativement novatrice pour l’époque, est toujours restée le fer de lance de la pédagogie des Sœurs de Jésus-Marie, et, lorsque ces sœurs ouvrent l’institution Notre-Dame, c’est avant tout avec cet arrière fond pédagogique : donner une solide formation aux jeunes qui leur sont confiés afin d’en faire des adultes prêts à entrer dans la vie active.
Aujourd’hui, même si les Sœurs de Jésus-Marie ont quitté le centre scolaire, cette idée reste le moteur de notre établissement : permettre à chaque jeune qui entre, quelque soit son niveau scolaire, son origine sociale, de ressortir en ayant reçu la formation nécessaire à l’orientation professionnelle dans laquelle il pourra s’épanouir.
Ainsi, Ste. Claudine Thévenet continue de veiller et de s’occuper de chaque jeune qui lui est confié.
Claudine Thévenet (1774-1837)
Sainte…
Sainte Claudine Thévenet, en religion, Marie de Saint-Ignace, a été béatifiée par Jean-Paul II le 4 octobre 1982 et canonisée le 21 mars 1993.
Au lendemain de la révolution, en 1818, elle a fondé à Lyon la Congrégation des Religieuses de Jésus-Marie, vouée à l’éducation de la jeunesse. Elle était amie de Pauline Jaricot, la « mère des missions ».
« A la suite de Sainte Claudine Thévenet, soyez auprès de tous, et particulièrement auprès des jeunes et des enfants, des témoins ardents du pardon et de la miséricorde, en portant sur eux un regard qui vous fait découvrir en chacun une promesse, une attente, une épiphanie de la présence divine » (cf. Homélie pour la canonisation de Claudine Thévenet, 21 mars 1993). Telle était la recommandation adressée par Karol Wojtyla, pape Jean-Paul II.
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Sa vie
Deuxième d’une famille de sept enfants, CLAUDINE THÉVENET naît à Lyon le 30 mars 1774. « Glady », comme on l’appelle affectueusement, exerce très tôt une heureuse influence sur ses frères et sœurs par sa bonté, sa douceur, son oubli de soi pour faire plaisir aux autres.
Elle a quinze ans lorsqu’éclate la Révolution française. En 1793, elle vit les heures tragiques de Lyon assiégée par les forces gouvernementales, et elle assiste, impuissante et horrifiée, à l’exécution de ses deux frères tués en représailles, après la chute de la ville, en janvier 1794. Leurs dernières paroles qu’elle recueille dans son cœur et fait siennes « Glady, pardonne, comme nous pardonnons » la marquent profondément et donnent un autre sens à sa vie. Dorénavant elle se consacrera à soulager les misères innombrables amenées par la Révolution; pour elle l’ignorance de Dieu est la cause principale de la souffrance du peuple et un grand désir s’éveille en elle de le faire connaître à tous; les enfants, les jeunes surtout attirent son zèle et elle brûle de leur faire connaître et aimer Jésus et Marie.
La rencontre d’un saint prêtre, l’abbé André Coindre, l’aidera à discerner la volonté de Dieu sur elle et sera décisive pour l’orientation de sa vie. Ayant trouvé deux petites filles abandonnées et grelottant de froid sur le parvis de l’église St-Nizier, le Père Coindre les avait conduites à Claudine qui n’avait pas hésité à s’en occuper.
La compassion et l’amour pour les enfants abandonnées est donc à l’origine de la « Providence » de St-Bruno, à Lyon (1815). Des compagnes se joignent à Claudine; on se réunit en association, l’Association du Sacré-Cœur, dont Claudine est immédiatement élue présidente. Le 31 juillet 1818, l’appel du Seigneur se fait entendre par la voix du Père Coindre: former sans hésiter une communauté. « Dieu vous a choisie », dit-il à Claudine. Et c’est la fondation de la Congrégation des Religieuses de Jésus-Marie le 6 octobre 1818, aux Pierres-Plantées sur la colline de la Croix Rousse. En 1820 la jeune Congrégation s’établira à Fourvière (en face du célèbre sanctuaire) sur un terrain acheté à la famille Jaricot. Elle recevra l’approbation canonique du diocèse du Puy en 1823 et de Lyon en 1825.
Le premier but du jeune Institut avait été de recueillir les enfants pauvres et de les garder jusqu’à leur vingtième année, leur enseignant un métier en plus des connaissances de l’école élémentaire, et leur assurant une solide formation religieuse et morale. Mais on veut faire davantage et Claudine et ses sœurs ouvrent leurs cœurs et leurs bras aux jeunes filles de la classe aisée et fondent pour elles un pensionnat. Le but apostolique de la Congrégation sera donc l’éducation chrétienne de toutes les classes sociales avec une préférence pour les enfants et les jeunes et parmi ceux-ci pour les plus pauvres.
Les deux œuvres se développent simultanément malgré les épreuves qui accompagneront la Fondatrice durant les douze dernières années de son pèlerinage terrestre: la mort douloureusement ressentie du Père Coindre (1826) et des premières sœurs (1828); la lutte pour empêcher la fusion de sa Congrégation avec une autre; les mouvements révolutionnaires de Lyon en 1831 et 1834 avec toutes les conséquences pour les habitants de Fourvière qui se trouvaient à un point stratégique entre les deux partis antagonistes.
Le courage insigne de la Fondatrice ne se laisse jamais intimider par l’adversité; elle entreprend avec hardiesse de nouvelles constructions dont celle de la chapelle de la Maison-Mère; en même temps elle s’adonne avec le plus grand soin à la rédaction des Constitutions de sa Congrégation. Elle allait y mettre la dernière main quand la mort la frappa dans la soixante-troisième année de son âge le 3 février 1837.
« Faire tout pour plaire à Dieu » semble avoir été le fil conducteur de sa vie. Cette recherche constante de la volonté de Dieu pour « mener une vie digne du Seigneur et qui lui plaise en tout » telle est la voie qui lui a donné une vive sensibilité spirituelle pour lire les signes des temps, y discerner les desseins de Dieu sur elle pour donner une réponse pleine et entière; telle est aussi la voie qui lui a mérité de « partager le sort des saints dans la lumière » (Col 1: 10, 11)
Claudine a donné à sa Congrégation l’empreinte de sa forte personnalité. Douée d’une force d’âme peu commune, femme de tête, organisatrice parfaite, elle fut surtout une femme de
cœur et elle voulut que ses filles fussent de vraies mères pour les enfants confiées à leur soin: « Il faut être les mères de ces enfants, disait elle, oui, de vraies mères tant de l’âme que du corps ». Aucune partialité, aucune préférence: « les seules que je vous permets sont pour les plus pauvres, les plus misérables, celles qui ont le plus de défauts; celles-là, oui, aimez lès beaucoup ».
« Voir Dieu en toutes choses et toutes choses en Dieu » c’est aussi vivre en esprit de louange. Dans un monde où l’espérance est trop souvent absente, la redécouverte de la bonté du Créateur présent dans sa création et dans les personnes, redonne sens à la vie et invite à l’action de grâces. Claudine a fait de sa vie religieuse et apostolique une « louange de gloire » au Seigneur; ses dernières paroles « Que le bon Dieu est bon » ont été une exclamation admirative de la bonté de Dieu qu’elle avait su découvrir même dans les moments les plus douloureux de sa vie.
La solidité d’une construction se révèle à l’épreuve du temps. Cinq années à peine après la mort de la Mère, ses filles se rendaient en Inde (1842). En 1850, elles ouvraient leur première maison en Espagne et en 1855, elles s’installaient dans le Nouveau Monde, au Canada.
Source / Claudine Thévenet : Archivum Vaticanum
Cent soixante quinze ans après la fondation de la Congrégation, les Religieuses de Jésus-Marie sont aujourd’hui plus de dix-huit cents, réparties dans 180 maisons sur les cinq continents. Elles accueillent avec joie et gratitude la canonisation de l’humble et généreuse fille de France que le Seigneur a choisie pour être leur Fondatrice.
Voir « D’une colline à l’autre », un ouvrage sur Claudine Thévenet.